espace presse
Entretien avec les historiennes C. Taraud et S. Federici.
Entretien avec Silvia Federici
Tous ceux qui croyaient que le féminisme avait tout dit (mais qu’il lui restait beaucoup à faire) peuvent filer au coin et méditer sur le sens de l’expression : « tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler ». En 2015, un collectif de penseuses réunies sous le nom de Laboria Cuboniks publia un manifeste qui en pulvérisait les limites et plaidait pour l’avènement d’un féminisme alien – que personne n’avait vu venir. Fulgurant, sur-intelligent et presque prométhéen, il n’a pas cessé de faire couler de l’encre depuis. Les Suisses toujours sur la balle des éditions Entremonde le font enfin traduire.
Événement dans le monde du design graphique, l’ouvrage phare Grid systems de Josef Muller-Brockmann se voit, enfin, publié en version française et italienne.
Sorti pour la première fois en 1981 le manuel, devenu icône du style suisse, explique comment concevoir des grilles de mise en page pour composer du texte et des images ... À cette occasion, nous avons posé quelques questions aux éditeurs de cette nouvelle version, la jeune maison Entremonde.
Paru aux Etats-Unis en 2004, Caliban et la sorcière est devenu un classique de l’étude maxiste-féministe bien avant d’être publié en France. Etudiant le passage de la société féodale au capitalisme et analysant la chasse aux sorcières, menée aux XVIe et XVIIe siècles, comme une stratégie anti-subversive, l’auteure montre que « le corps a été pour les femmes, dans la société capitaliste, ce que l’usine a été pour le travailleur salarié : le terrain originel de leur exploitation et de leur résistance ». Stimulant.
Il n’y a pas de caractère romanesque ici. L’écrivain se dépossède de son pouvoir de démiurge. L’écriture est traversée de part en part par le politique, fondée sur le politique, c’est-à-dire sur l’histoire de chacun en tant qu’il est pris dans l’histoire collective. Au dernier chapitre, tous les thèmes se télescopent, les personnages, les faits, les lieux, l’écrivain. Dans ce bruit du monde surgit soudain la belle utopie d’une prise du pouvoir par le peuple italien, à la manière des Vietcongs à Saïgon, et, en parallèle, l’image d’une femme qui jouit — « Je suis pleine d’amour ».